Comment se fait-il que la science ait tendance aujourd’hui de plus en plus à être perçue comme l’incarnation du dogmatisme, de l’arrogance et du despotisme ?
Que se passe-t-il lorsqu’un croyant et un incroyant estiment l’un et l’autre qu’ils ont les meilleures raisons du monde, l’un de tenir pour vraies et rationnellement justifiées les croyances de sa religion, l’autre de les juger fausses et rationnellement infondées ?
« Parler et penser sont une seule et même chose » (Karl Kraus). Sont ici réunis un entretien, un essai et une conférence que Jacques Bouveresse a écrits sur le satiriste et dramaturge autrichien entre mai et novembre 2014.
Le pouvoir de décider de ce qui doit être reconnu comme un fait établi, à l’issue d’un processus qui ne peut pas rester strictement individuel et qui se révèle la plupart du temps compliqué et incertain, n’a rien à voir avec celui de décider de ce qui est un fait et de ce qui n’en est pas un, une chose que, n’en déplaise à Latour, il incombe en principe bel et bien à la réalité ou à la nature, comme on les appelle, et à elles seules de décider : si la Terre n’est pas creuse et la Lune pas faite de fromage de Roquefort, ce n’est pas nous qui avons décidé qu’elles ne l’étaient pas, mais la réalité, telle que nous estimons être parvenus à la connaître.
La façon dont on parle de la relation (ou au contraire de l’absence de relation) entre le principe de l’égalité et de la démocratie littéraires, et celui de l’égalité et de la démocratie politiques suscite généralement chez moi une grande perplexité. On peut se demander si le simple fait d’accorder aux êtres quelconques ce que l’on pourrait appeler un « droit au style » et à la perfection stylistique suffit à conférer au principe d’égalité en question un caractère politique déterminé et, si ce n’est pas le cas, quelles sont les conditions supplémentaires qui doivent être remplies pour ce soit le cas.
Une réalisation Goélette