L’irrationalisation de la philosophie des sciences au XXème siècle
Paru initialement en 1982 sous le titre Popper and After. Four Modern Irrationalists, le remarquable petit livre du philosophe australien David Stove, aujourd’hui intitulé Scientific Irrationalism. Origins of a Postmodern Cult, est malheureusement très peu connu en France. Ce qui en fait l’intérêt, l’originalité et la force, c’est que, confronté à l’irrationalisme contemporain (devenu si prégnant en philosophie des sciences, et largement répandu parmi les scientifiques et dans le public cultivé), son auteur ne le combat pas frontalement, thèses contre thèses : il le traite comme une maladie dont il décrit les symptômes et recherche la cause.
Les symptômes. Stove combat l’irrationalisme en décrivant les procédés littéraires et rhétoriques auxquels celui-ci a recours pour se déguiser (des procédés qu’on ne trouve pas seulement dans les livres de nos quatre auteurs, mais qui se sont très largement répandus depuis les années soixante et soixante-dix dans les médias et dans le public, et qui sont devenus courants aujourd’hui). Le but de Stove est manifestement que chacun, muni de cette description, puisse à son tour diagnostiquer cet irrationalisme partout où il se rencontre.
Dans sa cause philosophique : il identifie et isole le virus qui l’a engendré (le déductivisme) et donne à chacun des armes pour le combattre, autour de lui et – surtout – en lui.
Rendant compte de ce livre, lors de sa première parution, en 1982, dans le Times Literary Supplement, l’excellent philosophe britannique David Papineau écrivait : « Stove a pris Sir Karl Popper d’une manière qui est exactement la bonne (Stove has got Sir Karl Popper exactly right). […] Popper and After sera un excellent antidote pour tous les innocents en philosophie qui courent le risque d’être ensorcelés par Popper. »
Une réalisation Goélette