L’IRREDUCTIBLE PLURALITE DES FINS
Diverses et hétérogènes, les fins de l’action politique sont en rivalité les unes avec les autres. D’où les désaccords et les conflits qui sont à la racine de toute vie politique, et au cœur de toute histoire des idées politiques et de toute philosophie politique. Cette idée est au cœur de la pensée politique du philosophe et historien des idées Isaiah Berlin. Comme on essaie ici de le montrer, ce pluralisme irréductible des valeurs n’est pas un relativisme. Et sa reconnaissance est sans doute nécessaire pour qui veut associer étroitement rationalité et liberté.
« La croyance selon laquelle on pourrait trouver, en principe, une formule unique par laquelle toutes les fins humaines, dans leur diversité, pourraient être harmonieusement réalisées est démontrablement fausse. Si, les fins de l’homme sont multiples et ne sont pas toutes compatibles, par principe, les unes avec les autres, la possibilité du conflit – et de la tragédie – ne peut jamais être complètement éliminée de la vie humaine, personnelle ou sociale. La nécessité de choisir entre des exigences absolues est une caractéristique de la condition humaine à laquelle on ne peut échapper. Puisque certaines valeurs peuvent entrer intrinsèquement en conflit, l’idée même qu’on doit pouvoir, en principe, découvrir un modèle dans lequel elles seraient toutes mises en harmonie les unes avec les autres est fondée sur une conception fausse a priori de la manière dont le monde est. Admettre que l’accomplissement de certains de nos idéaux peut en principe rendre impossible l’accomplissement de certains autres, c’est dire que l’idée d’un accomplissement humain total est une contradiction formelle, une chimère métaphysique. »
Une réalisation Goélette